Jacques Chirac, Prix Nobel de la paix ?

ENTRETIEN EXPRESSSoutenue par 280 parlementaires de tous bords, la candidature de l’ancien président français au prix Nobel de la paix ravit Fadi Nahas, membre du conseil d’administration de la Fondation Jacques Chirac depuis 2010.

Pourquoi soutenez-vous la candidature de Jacques Chirac au prix Nobel de la paix ?

Jacques Chirac a mené à bien des actions au-delà de son mandat présidentiel. Il aurait pu tout arrêter, mais il les a pérennisées à travers la Fondation Jacques Chirac. On honore beaucoup les généraux qui mènent à bien les guerres, mais personne n’honore ceux qui les évitent. Personne, sauf la Fondation Jacques Chirac, qui délivre chaque année un prix pour la prévention des conflits. En 2015, Latifa Ibn Ziaten, la mère de Imad, soldat tué par Mohammad Merah à Toulouse en 2012, l’a remporté pour son action en faveur de la promotion du dialogue interreligieux et d’une culture de la paix à travers l’Association « Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix ». Je trouve que c’est assez symbolique.

En quoi son profil correspond-il au Nobel ?
Cette candidature répond à un contexte contemporain à la dérive, en proie à la guerre, mais ce n’est que le fruit d’une initiative de ses proches, ni plus ni moins. M. Chirac a su dire « non » dans des moments cruciaux. Il a dit non à la guerre en Irak, par exemple. Il s’est opposé fermement à l’intervention américaine, soutenant que l’Irak de Saddam Hussein n’était pas un foyer de terrorisme international et ne disposait d’aucune arme de destruction massive. Il avait malheureusement raison et l’intervention américaine a contribué à empirer les choses.
Toutefois, il a également soutenu des avancées fondamentales. Il a, entre autres, dit « oui » aux grandes résolutions des Nations unies, « oui » également en 2007 au Tribunal pénal international pour éclaircir l’assassinat de Rafic Hariri, tué dans un attentat le 14 février 2005.

(Pour mémoire : France : Chirac va “profondément mieux”, dit son gendre)

Quel lien avec le Liban ?
Il est l’ami numéro un du Liban, l’architecte des grandes résolutions de l’ONU en faveur de ce pays. Quand j’évoque cela, j’insiste surtout sur la résolution 1559, adoptée dans l’urgence, que Jacques Chirac qualifie alors d’ « élément déterminant de la stabilité dans la région ». Elle constitue un appel au respect de la souveraineté et de l’indépendance politique du Liban, au retrait de toutes les troupes étrangères de son sol et à une élection présidentielle aussi libre qu’équitable. Jacques Chirac a joué un rôle crucial dans son adoption, en la faisant accepter par les Russes, et éviter leur veto. C’est du « 100 % Chirac ».
Jacques Chirac s’est opposé à tous les extrêmes au Liban, qu’il prenne la forme du fondamentalisme islamique ou de la dictature. Il a opté pour une mise en avant de l’islam modéré, que d’autres ont choisi de marginaliser.
Quant à ses détracteurs, j’y vois plutôt ceux qui se sont dressés contre les mesures prises au Liban. Ainsi, quand Jacques Chirac respectait Hafez el-Assad, et lorsqu’il a donné sa chance à Bachar, qui l’a déçu par la suite, le Hezbollah voyait en Jacques Chirac le « gentil » de l’histoire. En revanche, lorsqu’il a initié le Tribunal spécial international pour le Liban, le Hezbollah étant dans le collimateur, Jacques Chirac devient le « méchant ». Pour ses soutiens, les actions de Jacques Chirac représentent en revanche les vraies valeurs du gaullisme.

Quel est le rôle de la Fondation Jacques Chirac dans cette course au Nobel ?
Nous sommes là pour promouvoir les actions de Jacques Chirac, faire savoir que son combat continue. Le conseil d’administration de la Fondation Jacques Chirac est composé de ses grands amis, tel que François Pinault, mais également de ses proches, dont sa fille Claude. Je suis le seul non-Français de ce conseil. Le fait qu’il ait choisi un Libanais est un clin d’œil symbolique en direction du Liban.
Sa fidélité pour des « messieurs-tout-le-monde » comme moi montre son côté humain, fidèle en amitié. Je ne suis qu’un conteur de son histoire dans le monde arabe, de par mon appartenance à sa Fondation.

Propos recueillis par Valentine LEROY

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